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La météo du troisième mandat

Inévitables orages politiques en vue sous le ciel faussement serein du pays. Le scénario est déjà écrit et les acteurs sont en répétition. Il posera sa candidature car autour de lui, c’est le vide.

Vents forts à modérés émaillés d’orages alternants violences et d’habituelles médiations nocturnes et diurnes. Ces perturbations pourraient être aggravées par l’immixtion vigoureuse d’éléments armés, certains encagoulés, supposés œuvrer pour le rétablissement d’un ordre climatique perturbé par des vents contraires occasionnés par des lectures singulières des articles fourre-tout d’une Constitution….

Pour le climatosceptique que je suis, la probabilité que le locataire du Palais ne tente un baroud d’honneur pour conserver le fauteuil républicain sur lequel il est assis depuis dix années et qu’il veut transformer en trône royal est faible. Et croire qu’un tel monarque a des soucis d’éthique, de la parole donnée ou de la morale (même avec un petit m) comme le pensent naïvement les signataires de l’appel à la paix, c’est ne pas se préparer et préparer l’opinion à l’inévitable : l’affrontement entre ceux qui veulent s’incruster au pouvoir et ceux qui veulent les en déloger…

Pourquoi la candidature de trop du président Macky Sall est une question de vie (ou) et de mort pour eux, surtout pour lui ? Parce que ses dix ans de gouvernance ont été une gouvernance de rapines, pire que sous celle de son prédécesseur qu’on avait être trop décrié, trop injustement sans doute. Et cette volonté de le dégager (dégagisme qui ressemble furieusement à du « ôte-toi de là que je m’y mette pour bouffer moi aussi »), a empêché de voir que les héritiers du trône étaient la gangrène même qui avait pourri le pouvoir du vieux. Pas besoin d’un scanner pour voir que la quasi-totalité de ceux qui gouvernent provient de ce qu’on pourrait valablement appeler « l’ancien régime ». Ancien corrompu avec un ADN de prédateurs des gênes de l’alternance dégénérée de 2000…

Si le nouvel héritier (par accident) du trône du vieux avait une liste (sans doute minorée) de 25 prédateurs et sur laquelle il avait posé son lourd coude, il  devrait laisser une liste de prédateurs dix fois plus longue à son successeur. Qui pourrait être son plus intime des ennemis : Sonko. Un nom qui leur donne des urticaires, des aigreurs stomacales et des cauchemars. En effet, le complément des articles de presse des prédateurs épinglés, des fraudeurs de passeports, des trafiquants, des adeptes des contrats fictifs et/ou de gré à gré (dernier en date, celui des 45 milliards des eaux et forets), des prédateurs fonciers, des « surfactureurs » devant l’éternel, des chapardeurs des fonds Covid, etc. oui la liste est tellement longue.

Alors, pourquoi voulez-vous que pour des détails comme le respect de la parole donnée, la morale, le respect d’une Constitution qui ressemble à un « soupe Kandahar) et tutti quanti, pourquoi voulez-vous donc que ces gens-là, acceptent (comme des hommes d’honneur) de devoir avec certitude poser leur tête sur le billot qu’un nouveau régime de revanchards va mettre en place ? Et pour éviter qu’on vide Rebeus de ses voleurs de poules pour les accueillir ou comme on l’annonce comme une grande réforme pour le bien être des repris de justice qu’ils puissent inaugurer la future prison cinq étoiles de Pout (?) ou de Thiaroye.. Et c’est parce que comme disait Me Wade, que les Sénégalais sont intelligents, mais d’une intelligence mal saine au service du mal que ces gens-là sont devenus des prédateurs sociaux. Et qu’ils feront tout pour ne pas payer, répondre de leurs actes. Ils forceront (essaieront en tout cas) pour le troisième mandat, censé les sauver, ou tout au moins, différer leur traduction en Justice. Mais si au prix du sang qui sera versé dans les rues par des sans-culottes, ils sont battus, ils feront alors appel au plan B qui marche souvent : négocier leur liberté, rejoindre armes et bagages, toute dignité bue, le camp des vainqueurs. Par le fric ou par le chantage, ils trouveront des planques discrètes, avant de trôner dans de nouveaux postes….

Oui, inévitables orages politiques en vue sous le ciel faussement serein du pays. Parce que des années durant, il a fait le vide autour de lui, parce que tous (et toutes) les possibles et probables sérieux prétendants à la succession au fauteuil ont été, soit anéantis soit rétrogradés puis réhabilités, mais désormais honnis par l’opinion, parce que justement il n’a jamais pensé respecté sa parole, ses engagements publics nationaux et/ou internationaux. Il n’a pas, comme on dit, « préparé » un dauphin. Autour de lui, c’est le vide : entre des bannis recyclés (apéristes de la première heure), des alliés émasculés, réduits à leur plus simple expression (PS, AFP, une partie de la gauche), une bonne partie de la presse qui a laissé tomber les masques et achever de perdre ses restes indépendantistes, que lui reste-t-il sinon un baroud d’honneur du samouraï. … Et cette aventure qui ne sera pas ambiguë, mais hautement explosive aura le soutien multiforme et hypocrite de l’Occident. De la France d’abord et bien sûr de l’Union européenne (avec Paris comme chef de la meute), de l’ONU qui s’accrochera aux basques des « machins » africains : l’UA et la CEDEAO…

Dans ce monde à géopolitique incandescente, le pétrole et le gaz sénégalais ont besoin d’un chef de la sécurité docile, malléable comme un roseau. Qu’ils perdent Bamako et Ouaga, franchement, ça la fout mal pour l’orgueil. Et l’honneur perdu d’une puissance coloniale qui a été sourde et aveugle aux aspirations de souveraineté de ces peuples. Mais perdre les têtes de pont que sont Dakar et Abidjan pour la perpétuation des pillages, c’est carrément cauchemardesque. Livrer le précarré à l’ogre sauvage russe avec son bras armé au nom qui sonne comme les notes apaisantes de ce vieux Wagner, cela ne se fera pas sans quelques cadavres au soleil ou dans les eaux de la lagune Ébriété ou du fleuve (Sénégal)…

Oui le scénario est déjà écrit et les acteurs sont en répétition. Il posera sa candidature. La deuxième ou la troisième, c’est sans importance pour lui et ses supplétifs ;

Le Conseil Constitutionnel la validera ;

Les forces de(in)sécurité seront appelées à accentuer le désordre et à faire tonner les foudres des grenades et autres « balles réelles » ;

La Justice du tailleur de haute couture va s’abattre injustement sur les fauteurs de troubles et autres farces (forces) spéciales et des soldats de fortunes issus des rangs d’une rébellion dissoute dans les forêts et cours d’eau…

Ou alors la déferlante des sans-culottes fera dissiper les sombres nuages et ramener le beau temps. Toute la question est : le bon sens est-il encore la chose la mieux partagée chez nous ?

NB : Quelqu’un de plus intelligent que moi peut-il m’expliquer pourquoi on met en état d’alerte maximale les forces de l’ordre pour une simple audition d’un justiciable, fut-il cet empêcheur de gouverner tranquille ? N’est-ce pas des maladresses (provocations plutôt) de cette nature qui avait mis le feu aux poudres en mars 2021 ? Ce qui se passera (ou pas) le 2 novembre prochain nous édifiera sur le temps qu’il fera dans les prochaines semaines ou prochains mois. Mettre en état d’alerte des milliers de forces de l’ordre y compris les corps militarisés qui ne sont absolument pas destinés au maintien de l’ordre dans les villes pour une simple audition devant un juge, est-ce raisonnable ? Ne serait-ce pas plutôt la volonté de chercher à pousser à la faute pour justifier des mesures d’exception à venir ?

PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, DEMBA NDIAYE

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