La sortie de Macky Sall ne passe pas. En effet, lors de la cérémonie de remise des cahiers de doléances des organisations syndicales, le chef de l’Etat soutient « Si vous ne voulez pas payer, il y a une route alternative. On veille toujours à ce qu’il y ait une route pour ceux qui ne veulent pas prendre l’autoroute » ! comme pour répondre à ceux qui déplorent la cherté du péage de prendre la route de Rufisque. Ces propos du chef de l’Etat n’ont pas été bien appréciés par ses adversaires politiques. Ousmane Sonko, dans une lettre titrée « UN LION ÉGARÉ EN PLEINE SAVANE ! » ne l’a pas raté. « Tristes propos sortis de la bouche d’un homme « élu » par un peuple pour assurer une offre de biens et services publics satisfaisante et équilibrée à tous. Au-delà de la forme, déplorable comme souvent, monsieur Macky Sall a totalement faux dans le fond », a écrit le leader de Pastef les Patriotes.
Selon lui, il est tout à fait admis qu’un péage soit la rémunération, la contrepartie d’un investissement public ou privé offrant un gain de temps à l’usager. Sauf, précise Ousmane Sonko : « une autoroute n’est pas forcément payante car partout dans le monde, il existe des réseaux gratuits de qualité à côté des péages ». De l’avis de Sonko, ce que le chef de l’Etat ignore, c’est que les concessions d’autoroutes n’exonèrent pas les pouvoirs publics (États et collectivités locales) de leurs responsabilités par ailleurs, mais au contraire, doivent leur permettre de mieux se consacrer à l’amélioration des infrastructures secondaires. A son avis, pour le cas de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, il s’agit d’une grosse arnaque contre le citoyen sénégalais. Revenant sur le financement, il le répartit ainsi : « État du Sénégal 181 500 000 000, (49,39%), Banque Mondiale : 52 500 000 000, (14,29%) BAD : 33 200 000 000, (9,03%) AFD : 39 300 000 000, (10,69%) EIFFAGE : 61 000 000 000, (16,6%) ».
Sur ce, il signale que les chiffres montrent que le contribuable sénégalais, usager ou pas, supporte en réalité presque la moitié de l’investissement (49,39%). Il révèle ensuite que l’usager, supposé rembourser les prêts (34,1%) et la participation du concessionnaire (16,6% seulement), supporte-lui les 50,7% du coût de l’infrastructure », a souligné Ousmane Sonko avant de rappeler que les 16,6% du concessionnaire EIFFAGE ressortent du montage financier suivant, que tout consortium national aurait pu mobiliser avec le soutien de l’État. « Le peuple sénégalais ne mérite pas ce président », souligne-t-il. Il exige la publication des contrats, initial et complémentaire, ainsi que celui renégocié ; la confirmation de l’existence (ou non) d’un protocole d’accord qui porte sur plusieurs points dont l’augmentation de 5 ans de la durée de la concession de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-Aibd et la fusion des deux contrats.
A l’instar de Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail a répondu au chef de l’Etat. « Le Président Macky Sall n’a pas encore compris que le péage en autoroute n’est pas le choix de la qualité mais rémunère un investissement privé qui propose un gain de temps », a dit l’ancien Premier ministre. Et d’ajouter : « L’État normal continue de devoir des routes bien construites et bien entretenues aux usagers. Les routes avec des trous mettent en cause la sécurité routière provoquant parfois des morts. C’est l’option que Macky Sall réserve à ceux qui ne peuvent payer le péage. Pauvre SENEGAL ! Où est donc passé l’Etat protecteur ? ».