Three Lions ou Lions de la Téranga ? Pour la toute première fois de leur histoire, les deux sélections s’apprêtent à croiser le fer pour un huitième de finale qui promet beaucoup. Et à la fin, il n’en restera qu’un.
« Allez ! On n’a pas encore fini, on est là ! Les vrais lions ! » Au coup de sifflet final de la victoire sénégalaise décisive face à l’Equateur mardi, El-Hadji Diouf ne se lassait pas de sauter, danser et laisser déborder sa joie. En français dans le texte, puis en anglais, comme pour être certain de bien se faire comprendre des futurs adversaires de la bande d’Aliou Cissé, le buteur de la génération 2002 prévenait : les héritiers sont arrivés. Et ils n’ont pas l’intention de se contenter d’une qualification historique pour une phase finale de Coupe du monde, vingt ans après. Voilà qui tombe plutôt bien : face à eux se dressent des Anglais aussi ambitieux que désireux de prouver qu’ils sont plus qu’un alignement de noms ronflants incapables de dépoussiérer une bien maigre armoire à trophées.
Golden generation, really ?
Demi-finaliste en Russie, finaliste lors de l’Euro il y a tout juste un an et demi, cette équipe d’Angleterre se présente au Qatar pleine d’ambitions. Mais pas pour autant délestée de nombreux doutes, qu’elle se trimbale plus ou moins depuis les débuts de Gareth Southgate, en septembre 2016. Pour son 80e match sur le banc de la sélection, le héros malheureux de 1996 se verrait bien donner de nouveaux éléments probants pour défendre sa cause face à ceux qui voient en son Angleterre une équipe trop neutre, eu égard à l’impressionnant réservoir de talents dont elle dispose. Dans le Golfe, Harry Kane a empilé les caviars (trois, meilleur passeur du tournoi), Marcus Rashford les buts en sortie de banc (trois, co-meilleur buteur), et les Anglais totalisent déjà neuf pions, meilleure attaque à égalité avec l’Espagne. À trois longueurs de leur total de 2018.
« Nous devons croire en nous, nous avons été positifs dans la façon dont nous avons abordé le tounoi et les différents obstacles. En voilà encore un différent » , analysait Southgate dans une interview à ITV Sport, samedi, à la veille d’un match qui doit démontrer que les siens sont de réels contenders. Ce qui ne l’empêchait pas de se méfier des récents champions d’Afrique : « Ils ont la conviction du champion, avoir perdu Sadio Mané les a rapprochés les uns des autres. » Après Rooney, Gerrard, Lampard et Owen, la génération actuelle ne peut se permettre de laisser passer les opportunités les unes après les autres.
Prêts à rugir
Mais pour voir les supporters anglais continuer de hurler « It’s coming home » de Doha à Londres, il faudra éviter de se casser la figure, comme devant l’Islande en 2016. Un scénario dont rêve tout un pays, en plein cœur de l’Afrique de l’Ouest. Moins d’un an après avoir enfin vaincu la malédiction continentale en remportant la CAN, Kalidou Koulibaly et ses acolytes ne pensent qu’à une chose : imiter les aînés de 2002, vaincus seulement en quarts de finale. Au fil d’une phase de poules difficile, les Sénégalais ont appris à vivre sans Sadio Mané, entre l’hyperactivité d’Ismaïla Sarr dans son couloir, les coups de génie d’Iliman Ndiaye ou la finition de Boulaye Dia. « C’est normal que les médias anglais nous sous-estiment. Honnêtement, j’espère aussi que les Anglais vont nous sous-estimer, souhaitait Alfred Gomis en conférence de presse. Comme cela, ce sera une surprise. Ce sera onze contre onze, et nous les joueurs, nous nous connaissons très bien. »
Présent à ses côtés à la place d’Aliou Cissé, malade, mais qui devrait être de retour pour le match, Régis Bogaert ne pouvait qu’emboîter le pas : « Battre l’Angleterre serait un très grand moment. Je ne connais pas exactement l’importance que les gens en 2002 ont donné à la victoire, mais je pense que c’était extrêmement important. Pour nos joueurs, le match de demain sera l’équivalent. Battre une équipe à ce niveau serait démontrer tous les progrès qu’on a faits et qui sont réels. »Jamais battus par une sélection africaine dans un Mondial, les Three Lions n’ont pas l’intention d’ouvrir la porte à un tel scénario. Southgate, encore : « J’ai toujours voulu emmener le pays en voyage avec nous et créer des nuits dont les gens se souviennent toute leur vie. Nous en avons eu quelque-unes ces dernières années et nous espérons évidemment que dimanche en sera une autre. » À qui rugira le plus fort ?