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Banque mondiale: La flambée des prix des denrées alimentaires va se poursuivre jusqu’en 2024

La guerre en Ukraine n’est pas sans effet. Dans un rapport publié mardi, la Banque mondiale renseigne que les prix des produits de base «  vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024 », expliquant que le conflit «  modifie la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde ». La tendance à la hausse, à l’œuvre depuis plusieurs mois, tirée par le rebond post-Covid et les contraintes d’offre, s’est accélérée au premier trimestre sous l’effet de l’offensive russe.

Les prix de l’énergie étaient en mars quatre fois plus élevés que leur point bas d’avril 2020, au cœur de la pandémie. Il s’agit de la plus forte hausse depuis 1973. L’augmentation sur les matières premières agricoles – dont la Russie et l’Ukraine sont deux producteurs importants de céréales et d’oléagineux – atteint 80%, au plus haut depuis 2008, tandis que les prix des engrais se sont envolés de 220%. « Globalement, il s’agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 1970 », indiquent les auteurs. Lequel est « aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce », surenchérit Indermit Gill, vice-président pour le pôle croissance équitable, finances et institutions. Cette situation fait planer le « spectre de la stag­flation ».

Selon les projections, le cours du pétrole va rester toute l’année 2022 autour de 100 dollars le baril, bien au-dessus de la moyenne de 60 dollars des cinq dernières années, avant une lente décrue à 92 dollars l’an prochain. L’institution multilatérale table sur une envolée de plus de 40% pour le blé et de 16% sur les métaux, qui là aussi s’atténueront légèrement en 2023.

Hausses plus marquées et regain de volatilité

Cette situation pourrait empirer en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, entraînant des hausses plus marquées et un regain de volatilité. La Banque mondiale explique pourquoi les prix vont rester durablement élevés. Premièrement, parce que la hausse est généralisée et limite de facto les possibilités de substitution entre matières premières. Ainsi, rappelle le rapport, lors des précédentes périodes de pics, le charbon et le gaz offraient une alternative car ils étaient moins chers que le pétrole.

La deuxième raison tient à l’effet domino. La flambée dans l’énergie renchérit les coûts de production agricole via les engrais et les carburants. Cela pèse aussi sur le coût d’extraction et de raffinage des métaux, en particulier pour le fer, l’acier et l’aluminium. Les métaux plus chers augmentent par ricochet le coût des technologies d’énergie renouvelable.

Effets pervers

Le rapport met en cause les réponses politiques de court terme axées sur les allégements fiscaux et les subventions, qui ont des effets pervers car ils «  exacerbent les pénuries d’approvisionnement et les pressions sur les prix », au lieu d’envisager des stratégies de long terme visant à réduire la demande et à trouver des alternatives d’approvisionnement.

Autre risque, la guerre conduit à des schémas commerciaux plus coûteux qui pourraient entraîner une inflation plus durable et à moyen terme retarder la transition climatique. « Certains pays cherchent à s’approvisionner en charbon à partir d’endroits plus éloignés », ­illustrent les auteurs.

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