Suite et pas fin dans l’affaire du décès de François Mancabou. Lors de son point de presse, le procureur de la République avait annoncé l’existence d’une vidéo de 13 minutes prouvant que la victime s’est blessé lui-même dans sa cellule lors de sa garde à vue. Enquête a recueilli le témoignage d’une source ayant consulté le fameux film. Son récit semble corroborer la version du chef du parquet, avec une petite nuance factuelle.
Là où le maître des poursuites assure que François Mancabou a cogné à deux reprises la porte du violon, la source du journal défend que ce dernier n’a donné qu’un coup avant de perdre connaissance. Les faits se seraient déroulés samedi 25 juin dernier au commissariat central de Dakar. Dix membres supposés de la «Force spéciale» sont en garde à vue. Les neuf sont en train de discuter, François Mancabou est à l’écart, l’air «très anxieux». Il portait un bas de survêtement noir et un tee-shirt sombre.
«Tantôt il croise les bras tantôt tantôt il les décroise ou les met dans les poches, rembobine la source de Enquête. Il se gratte la tête. Il n’était vraiment pas dans son assiette. Les autres semblaient ne se douter de rien, très engagés dans leurs discussions.»
Environ dix minutes plus tard, le drame se produit. «On le voit faire un sprint et cogner violemment la tête contre la porte de la cellule, raconte l’interlocuteur du journal. Contrairement à ce qui a été dit par le procureur, il ne l’a fait qu’une seule fois dans la vidéo et il est aussitôt tombé et s’est évanoui. Cela a été tellement rapide que tout le monde a été surpris.»
Dans le violon, rapporte Enquête, fusent les invocations de Dieu et un groupe se forme autour de François Mancabou.
La police a remis la vidéo à certaines organisations de défense des droits de l’homme et aux membres de l’Observatoire national des lieux de privation de liberté. Une décision critiquée par les avocats de la famille du défunt, qui assurent que Mancabou a été torturé en détention.