Là où ceux qui sont censés nous protéger portent atteinte à notre sécurité, là s’instaure une société anarchique et violente.
Alors que beaucoup s’échinent à parler de paix, la violence est partout ; dans les foyers, dans les quartiers, dans les institutions et aux plus hauts sommets de l’État. Il semble que la violence soit utilisée comme mode de gouvernance sous le prétexte de raccourcis comme « force reste à la loi » ou « l’état détient le monopole de la violence légitime ». Penser la guerre (la violence) pour bâillonner les voix discordantes, tel semble être le crédo de Macky Sall et son équipe.
Il se trouve que nous avons choisi la démocratie comme mode de gouvernance et cela pour installer la concertation entre les différentes parties sur les questions essentielles pour le pays et non la pensée unique fut-elle éclairée ! Mais il devient difficile de ne pas constater que nous assistions à la déconfiture de cette démocratie sans poser des actes à la hauteur des enjeux. L’accoutumance de toute une génération à la violence et la radicalisation de ceux qui en sont victimes ne peuvent qu’engendrer la dégénérescence de la société.
Le gouvernement ne devrait pas être en guerre contre les citoyens mais contre tout ce qui entrave leur développement et leur épanouissement. Souvenons-nous des images surréalistes de travailleurs courant pour arriver chez eux avant l’heure du couvre-feu quand enfermer les gens le soir semblait être la seule solution pour freiner la propagation du Covid19. Ils étaient poursuivis par des policiers avec des bâtons, quelques fois jusque dans leur maison, montrant que cette police-là avait gardé les avatars de celle du colon face aux indigènes.
Ces dernières années, l’état a consacré beaucoup de moyens pour l’achat d’armes et s’est adjoint de lois très permissives pour légaliser la répression de toute contestation populaire.
Un pas vient d’être franchi si la description faite des conditions d’arrestation et de libérations des activistes qui se battent contre l’instauration du parrainage est avérée. Il semble que pour n’avoir pas respecté le trajet ordonné par la police, les manifestants arrêtés aient été maltraités, humiliés voire torturés puis éparpillés nuitamment loin de toute zone urbaine sans moyens de transport ni de communication. Dans cette furie, les femmes n’ont pas été épargnées, elles ont été atteintes dans leur féminité. Qui sont ces personnes qui ont exécuté cette sale besogne ? Sont-ils des policiers ou des nervis ? Qui leur a donné de tels ordres ? Peut-être que demain, il pourrait nous arriver une fatale mésaventure dans ces endroits hostiles et personne n’en serait responsable puisqu’il n’y aura pas d’enquête. Cela nous rappelle les années sombres de la pensée unique et des déportations et exécutions sommaires. Il nous montre le visage d’un Sénégal qui inquiète parce qu’il ne cesse de poser des actes qui cristallisent la colère des citoyens :
• le non respect de la loi de la CDEAO sur le parrainage
• la violence gratuite au lieu du maintien de l’ordre
• l’impunité dès lors qu’on est dans les bonnes grâces du pouvoir et n’accorder aucune circonstance atténuante aux opposants et activites.
La violence permet de se débarrasser des limites morales et juridiques et devient vite une fin en soi. Sous nos cieux, elle prend la forme étatique qui va crescendo et conduira fatalement à l’excès d’ici 2024. L’on peut se demander quelle nation naîtra après ce cycle : une société déshumanisée où tout est permis pourvu d’assouvir ses désirs ?
C’est le moment de faire appel à ceux qui se battent contre la violence en particulier celle faite aux femmes, à ceux qui font signer des chartes pour préserver la cohésion sociale.
Nous disons qu’il ne faudra pas attendre que des opposants ou activistes disparaissent ou « se font suicider » avant d’envahir les plateaux avec des généralités.
Mme DIOP Blondin Ndeye Fatou NDIAYE
Coordinatrice adjointe
Plateforme Avenir Senegal Bii Ñu Bëgg
28 mars 2022