La guerre de succession est ouverte au Gabon. Ali Bongo vit peut-être ses dernières heures de président du Gabon car devant se battre pour survivre à un AVC qui lui fait vivre le martyr depuis plusieurs mois déjà. Pendant son calvaire, dans son entourage une course contre la montre a été enclenchée pour sa succession.
Le 23 mars, des milliers de Gabonais s’étaient pressés pour accueillir leur président, de « retour définitif » après cinq mois d’absence quasi ininterrompue, en convalescence à l’étranger après avoir subi un AVC fin octobre lors d’un déplacement en Arabie Saoudite.
Un retour « supposé » définitif mais qui a montré un Ali Bongo très affaibli par la maladie, dont la capacité à gouverner est toujours sujet à polémiques. Mais le revirement de la situation depuis ce 4 avril donne parfaitement raison à l’opposition qui est demeurée lucide face à un gouvernement pas très stratège.
Une guerre de succession dans l’ombre
En effet, malgré cette présence physique du président gabonais, le collectif « Appel à agir » n’a jamais été convaincu de la capacité physique et mentale d’ABO à diriger le pays. Et les membres très proches des « Bongo » le savent mieux que quiconque. Ils savent qu’Ali Bongo ne se remettrait peut-être jamais. Et pour parer à l’éventualité du « pire », les différents scenari devant permettre au clan de continuer à régner indéfiniment à la tête de l’Etat se concoctent déjà.
Pour préparer en douceur la succession d’Ali Bongo, l’incontournable Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la cour constitutionnelle a déjà tenté un premier coup de force avec le contournement de l’article 13 de la constitution gabonaise qui fait présider au vice-président un conseil des ministres en l’absence du commandant en chef.
Faustin Boukoubi, un prétendant de poids pour terminer le mandat d’Ali Bongo
Comme le révèle Médiapart, « pour gagner du temps, Marie-Madeleine Mborantsuo a introduit dans la Loi fondamentale la notion d’«indisponibilité temporaire» du chef de l’Etat. L’objectif étant, in fine, de procéder à une modification plus en profondeur de la constitution. Laquelle conduirait à désigner le très docile président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi, comme « président de la République à titre provisoire ». En fait, sa mission consisterait à terminer le mandat d’Ali Bongo et, surtout, à « chauffer » le fauteuil présidentiel en attendant l’élection de 2023 à laquelle Mborantsuo entend se présenter.
Faustin Boukoubi, ancien secrétaire général du Parti démocratique gabonais, le parti d’Ali Bongo, a été élu président de l’Assemblée nationale du Gabon en janvier dernier. Une nouvelle Assemblée largement dominée par le parti au pouvoir avec comme 2e secrétaire, Malika Bongo Ondimba, la fille aînée du chef de l’Etat.
Ancien ministre, ancien patron du parti au pouvoir pendant près de 10 ans, Faustin Boukoubi maîtrise parfaitement l’appareil d’Etat pour le conduire. Mais Selon le média français, en dehors du plan machiavélique de la présidente de la cour constitutionnelle, la femme d’Ali Bongo, Sylvia Bongo Valentin et le Franco-gabonais Brice Alihanga Fargeon s’annoncent aussi dans cette âpre lutte de succession.
Brice Alihanga Fargeon, un prétendant de taille pour évincer le clan Marie-Madeleine Mborantsuo
En effet, malgré cette nouvelle disparition d’Ali Bongo des radars gabonais, la vacance de pouvoir se refuse toujours a être envisagée par l’incontournable Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la cour constitutionnelle.
Dans ce climat de suspicions, un des aspirants au fauteuil présidentiel, pour ne pas se faire dribbler, a commencé par affûter ses armes. Il s’agit du Franco-gabonais Brice Laccruche Alihanga Fargeon avec son MOBLA, entendez « Mouvement osons avec Brice Laccruche Alihanga». Selon certaines indiscrétions, il serait parti pour continuer le mandat, entre temps écourté, d’Ali Bongo, pour préparer le chemin à Noureddine Edouard Bongo-Valentin, le fils d’Ali.
Le limogeage de Maixent Accrombessi, un signe précurseur
Vendredi 29 mars, l’ancien directeur de cabinet et ami d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi, qui occupait toujours le poste de Haut représentant personnel du chef de l’État, a été limogé.
Comme le rapporte RFI, plusieurs sources y voient la main de la première dame Sylvia Bongo, proche de l’actuel directeur de cabinet Brice Laccruche Alihanga, et dont l’inimitié envers Maixent Accrombressi n’est plus un secret pour personne. La présence de ce franco-bénino-gabonais était l’obstacle ultime pour le le franco-gabonais Brice Alihanga Fargeon, candidat à la succession d’Ali Bongo.
Une lecture minutieuse des personnalités écartées du cercle intime d’Ali Bongo, dès son retour du Maroc, montre déjà que le terrain a été balisée ou est en train de l’être, par le clan Bongo (Aile Sylvia). Des plus criants aux plus adulés, le chemin a été balisé par le duo Sylvia Bongo – Brice Fargeon. Ce dernier qui a déjà imposé son exercice du pouvoir ( visite des chantiers, dialogue avec les grévistes…) n’a devant lui que l’incontournable Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la cour constitutionnelle. Donc, le dernier pion à déplacer pour prendre la succession.
Mais attention, Il pourrait y avoir un troisième rusé pour gâcher la fête de Laccruche. Le très puissant et redoutable ancien chef des renseignements militaires et frère du président, Frédéric Bongo, pourrait avoir son mot à dire.