Le procureur général de Conakry, nommé par la junte au pouvoir en Guinée, a annoncé mercredi l’inculpation de l’ancien président Alpha Condé et d’une trentaine d’anciens hauts responsables sous sa présidence, notamment pour assassinats, tortures et enlèvements.
Parmi les personnalités visées par l’accusation et figurant sur une liste communiquée aux journalistes par le procureur Alphonse Charles Wright figurent, outre M. Condé, renversé par les militaires le 05 septembre 2021, un ancien président de la Cour constitutionnelle, des anciens présidents de l’Assemblée, un ancien Premier ministre et une foule d’anciens ministres, députés et responsables des services de sécurité.
Selon le document, le magistrat a donné des « instructions aux fins de poursuites judiciaires par voie de dénonciation » contre M. Condé et 26 autres personnalités pour meurtre, assassinat et complicité, disparitions forcées, détentions, enlèvements, actes de torture, coups et blessures volontaires, viols et agressions sexuelles, et actes de pillage.
Le magistrat a précisé dans un message à l’AFP que ces procédures ont été lancées suite à une plainte du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un collectif qui a mené pendant des mois à partir d’octobre 2019 la contestation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.
La répression de ces protestations, souvent brutale dans ce pays habitué à la violence politique, a fait des dizaines de morts, presque tous des civils.
La justice guinéenne a ordonné l’ouverture d’enquêtes sur les crimes présumés commis sous l’ancien président Alpha Condé.
« Je vous instruis (…) d’ouvrir sans délai ou d’engager des poursuites judiciaires ou de saisir la ou les juridictions compétentes pour des faits présumés commis pendant la période de 2010 à 2020 par des personnes non encore identifiées », a déclaré le procureur général de la Cour d’appel de Conakry Alphonse Charles Wright dans une lettre vue par l’AFP et envoyée aux procureurs selon ses instructions.
La période évoquée couvre celle durant laquelle Alpha Condé a dirigé la Guinée (2010-2021) avant d’être renversé par un coup d’État militaire mené par le colonel Mamady Doumbouya, installé depuis comme président de transition.
Le procureur général a cité parmi les faits à enquêter les meurtres, les disparitions forcées, les arrestations ou les enlèvements par des agents de l’État, la torture et les violations des libertés individuelles.