Au lendemain de la nomination d’Amadou Ba à la Primature, quel destin politique pour Idrissa Seck ? Un avenir incertain au sein de la mouvance présidentielle compte tenu de la nomination du Premier ministre et de la redistribution des cartes provoquée par les résultats mitigés obtenus par Bby lors des élections locales et législatives. A l’analyse, les perspectives personnelles d’Idrissa Seck semblent être anéanties puisque son destin politique est désormais lié à celui de Macky Sall…
Pour mieux camper le débat, « Le Témoin » vous livre en exclusivité les extraits d’une conversation audio (fuitée) entre deux hauts responsables de Rewmi au lendemain de la nomination d’Amadou Ba comme Premier ministre. Morceaux choisis : « Vous savez, entre Macky et Idy, il y avait un pacte de non au troisième mandat. Et le jour où le président de la République a enregistré son discours à la Nation, le président Idrissa Seck était au Palais. Mal- heureusement, il a boudé les lieux sacrés lorsque Macky n’a pas voulu se prononcer sur le troisième mandat. Pour preuve, jusqu’au jour du grand magal de Touba, et je parle sous le contrôle du marabout (…), le poste de Premier ministre devait revenir à Idrissa Seck. On ne sait ce qui s’est passé entre temps (…). Je suis convaincu que si Macky Sall n’a pas nommé Idy au poste de Premier ministre, c’est parce que ce dernier n’a pas voulu cautionner un éventuel troisième mandat. C’est cette position ferme du président Idrissa Seck qui aurait changé la donne. Mais, quoi qu’il en soit, le président Idrissa doit quitter cette mouvance présidentielle car ses ambitions politiques dépassent le Cese » se désole ce cadre du parti Rewmi et proche d’Idrissa Seck dont l’audio a été filé au « Témoin ». Son inter- locuteur confirme et réplique : « Oui ! Tu as parfaitement raison (…). Moi, j’ai des réseaux au Palais, donc je suis bien placé pour te dire que le président Macky Sall n’a aucune considération pour Idrissa Seck.
Donc, à quelque quinze mois de la présidentielle 2024, Idrissa Seck doit quitter BBy pour prendre son destin politique en main. Il est temps qu’il quitte les capitales régionales comme Dakar et Thiès pour démarrer sa campagne électorale à l’intérieur du pays c’est-à-dire dans le Sénégal des profondeurs. Et s’il ne le fait pas très tôt, il va décréter sa mort politique (…) Vraiment, je suis déçu et je n’ai plus espoir ! » désespère ce second cadre de Rewmi. Ces postures radicales de deux responsables du parti de M. Idrissa Seck sont révélatrices de la crise politique que traverse cette formation actuellement.
L’équipe «Rewmi» jouera-t-elle le maintien…
Toujours est-il que si cette redistribution des cartes politiques était un championnat de football à points et à goal-average parti- culier, on serait forcé d’en conclure qu’Idrissa Seck n’a plus son destin en main pour être champion ! Pis, le président du parti Rewmi risquerait même de jouer le maintien c’est-à-dire rester, de gré ou de force, dans la mouvance présidentielle pour éviter de se retrouver dans une zone relégable. Pour y parvenir, Idrissa Seck est obligé de soutenir l’action du président Macky Sall et foncer dans sa dynamique. Les analystes politiques contactés par « Le Témoin » se disent convaincus qu’avec la nomination d’Amadou Ba au poste de Premier ministre, les perspectives personnelles d’Idrissa Seck se sont amenuisées. Autrement dit, son destin politique est désormais lié à celui de Macky Sall. Il est vrai qu’au sortir des élections locales et législatives, les résultats catastrophiques de Bby auraient sans doute affaibli les fondements du pacte « Mbourou Ak Sow ». Ou alors changé la donne jusqu’ à faire vaciller le Parti-Etat sur ses bases et arrière-bases ! Car, la plupart des partis de l’opposition à savoir le Pastef d’Ousmane Sonko, le Taxawu-Sénégal de Khalifa Sall et le Pds d’Abdoulaye Wade ont considérable- ment gagné du terrain. Ils ont obtenu des résultats considérés comme une performance historique. Dans tous les cas, certains voient mal comment le Rewmi d’Idrissa Sek, une fois sorti de Bby, pourrait combler ce grand retard d’implantation sur l’étendue du territoire national à quelques mois de la présidentielle 2024.
Renaissance du Phénix ?
Toutefois, selon un membre du secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (Apr) et très proche de Macky Sall, ceux qui conseillent à Idrissa Seck de quitter la mouvance présidentielle sont de vrais novices en politique. « D’abord, au lendemain de la publication de la liste du nouveau gouvernement, tout le monde a constaté que le parti Rewmi d’Idrissa Seck a conservé ses deux postes ministériels dévolus aux ministres Yakhoba Diattara et Aly Saleh Diop. Mieux, Rewmi a été renforcé avec le ministère le plus populaire qu’est celui des Sports confié à Yakhoba Diattara. Avec ce ministère en prise directe sur les jeunes, le Rewmi peut consolider et élargir sa base politique au profit de la mouvance présidentielle. Donc, malgré sa contre performance politique sur le terrain, Idrissa Seck a conversé le nombre de ses ministres. Et cela veut dire que le président Macky Sall n’a jamais varié dans sa relation avec Idrissa Seck. Certains responsables de Rewmi doivent éviter de faire de Idy un habitué au long feu. Mieux, il n’y a pas de péril en la demeure. Parce que la recette « Mbourou ak Sow » est toujours très bien conservée au frigo de la confiance pour éviter toute moisissure de nature à provoquer une intoxication alimentaire au sein de l’alliance » ironise notre interlocuteur, histoire de faire croire que rien ne peut plus séparer les deux partenaires politiques que sont Macky Sall et Idrissa Seck.
Il est vrai qu’en politique, tout est possible et qu’il ne faut jamais dire jamais ! Les politologues vous le diront, tout grand homme politique est un Phénix qui renaît de ses cendres. C’est-à-dire un homme exceptionnel toujours prêt à se relever avec une force de résilience impressionnante. Mais Idrissa Seck aurait-il le temps et l’espace de renaitre de ses cendres à quelques petits mois d’une compétition présidentielle de tous les dangers ?
En fin stratège, il ne prendra jamais le risque de quitter la mouvance présidentielle. Et même s’il avait des divergences avec Macky Sall, il aurait l’intelligence de les gérer à l’interne. Il est surtout appelé à suivre le rythme du président de la République et continuer à lui apporter son soutien à travers son nouveau gouvernement dirigé par Amadou Ba. Car la nouvelle configuration politique (Primature, Gouvernement et Assemblée nationale) impose également à Idrissa Seck de mouiller davantage le maillot et de faire une contribution personnelle pour la suivie de l’Apr au front de la présidentielle 2024. Car, en cas de contreperformance électorale de l’Apr, Macky entrainera inéluctablement Idy dans sa chute ! Ce qui ne serait évidemment de l’intérêt ni de l’un, ni de l’autre. Ni de
« Mbourou », ni de « Soow ».