Mais qu’est-ce qui explique donc que la fonction ministérielle change aussi rapidement ces messieurs et dames ? Tant qu’ils sont dehors, c’est-à-dire loin des cercles de décisions, ils vitupèrent, ils fustigent, ils dénoncent. Une fois dans le système, ils la bouclent ! Mais quand ils quittent la fonction ministérielle…
Alors, s’il arrive que, après avoir pendant longtemps erré dans l’espace politique comme une âme en peine, après avoir traversé le désert et mangé son pain noir, s’il arrive donc qu’ils se retrouvent miraculeusement dans la salle « Bruno Diatta », ils peuvent facilement disjoncter. Et alors, on se met à délirer à haute voix.
Dans ce charmant pays des paradoxes, être ministre, c’est le « Graal » on vous dit ! Ça vous éloigne de la plèbe et ça vous propulse sur des hauteurs d’où vous allez regarder avec dédain la populace sans oublier de changer constamment de numéros de téléphone et de vous déplacer avec des voitures aux vitres teintées pour que les quémandeurs ne vous reconnaissent pas aux feux rouges pour vous quémander des faveurs ! Quant aux messages auxquels vous ne répondez plus, l’excuse est vite trouvée. « J’en reçois des centaines par jour et ne peux soigner la misère du pays ».
Sauf que tous ceux qui appellent ou envoient des messages ne sont pas des parasites. Une fois hors du pouvoir, on fait entendre de la voix. On se fait viril, on prend des positions courageuses qui ne sont jamais en faveur du Prince. On montre farouchement son opposition à un troisième mandat.
Et voilà qu’à peine nommé, on ravale ses propres vomissures. Pourquoi donc pensez- vous au rétropédalage du sieur Aliou Sow alors adossé à sa posture revendiquée d’intellectuel pour dire des évidences ? En moins d’un mois, voilà que la fonction ministérielle l’a complètement métamorphosé au point de le pousser à renier ce qu’il défendait avec force convictions il y a quelques mois seulement… Un intellectuel de la panse !
KACCOOR BI