L’Assemblée nationale a adopté mercredi le projet de loi d’amnistie portant sur les faits survenus lors des manifestations politiques entre 2021 et 2024.
94 parlementaires ont voté en faveur de son adoption tandis que 49 se sont opposés et 3 députés se sont abstenus.
La loi votée amnistie « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques (…) ».
Des événements sanglants ont secoué le pays en mars 2021 suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko et en juin 2023 avec la condamnation de Sonko pour « corruption de la jeunesse » et dernièrement en février 2024 en réaction au report de la présidentielle.
Treize morts ont été enregistrés en mars 2021 selon un bilan du gouvernement tandis qu’Amnesty international en a dénombré 29 pour juin 2023. Les manifestations de février 2024 faisant suite au report de la présidentielle ont fait 4 morts.
Des organisations politiques de l’opposition et de la société civile ont fermement dénoncé cette amnistie, assurant que les responsabilités des forces de défense et de sécurité (Fds) et de responsables gouvernementaux n’auront à répondre des répressions sanglantes sur les manifestants lors de ces événements.
Amnesty international a considéré l’amnistie comme « un affront aux victimes des manifestations » et Human Right Watch (Hrw) a estimé qu’elle « ouvre la voie à l’impunité pour des crimes graves.
Des dizaines de membres de la société civile et du parti patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Paatef) dont Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye vont, à la faveur de cette nouvelle loi, recouvrer la liberté.
« Je souhaite, au-delà du souci légitime de justice et de redevabilité, que l’amnistie et le pardon, par leurs vertus salutaires pour la nation, nous aident à surmonter ces moments difficiles afin que notre pays se réconcilie avec lui-même », avait indiqué le président Macky Sall pour motiver sa décision de saisir le parlement pour cette loi.
Le président Sall a affirmé l’avoir décidé pour l’apaisement du climat social et le renforcement de la cohésion nationale. « Je veux laisser derrière moi un pays réconcilié avec lui-même », avait rappelé Sall dont le mandat arrive à terme le 2 avril ; quelques jours après le scrutin pour désigner son successeur qui aura lieu le 24 mars.