Le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est réuni, ce mardi 18 octobre, pour examiner le rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali. Les interventions à l’ouverture de la session ont donné lieu à des échanges verbaux entre Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères du Mali et Nicolas de Rivière, représentant de la France.
« Je tiens à rétablir la vérité après les accusations mensongères et diffamatoires du Mali », a lancé l’ambassadeur français qui a demandé la parole, une deuxième fois, pour expressément répondre au ministre Abdoulaye Diop. « Je regrette profondément les accusations graves et infondées portées contre la France de manière répétée par les autorités de la transition au Mali », a dénoncé Nicolas de Rivière au Conseil de Sécurité. « La France n’a jamais violé l’espace aérien malien », a juré l’ambassadeur français.
« La prise de parole du représentant de la France justifie la session demandée par le Mali », a rétorqué Abdoulaye Diop. Le ministre malien fait ainsi allusion à la plainte du Mali introduite auprès du Conseil de Sécurité depuis quelques semaines. Dans cette plainte, le Mali accuse la France d’avoir violé à plusieurs reprises son espace aérien et de fournir les renseignements et du matériel aux groupes armés terroristes. Si la France n’a rien à cacher, a insisté le ministre Diop, qu’elle donne son accord pour que la session sur la plainte du Mali se tienne. Le Mali, a assuré Diop, n’a pas lancé « à la légère ses accusations, car il y va de la crédibilité du Mali ».
Il faut « cesser d’abuser » du Conseil de Sécurité
Les mêmes éléments de langage dans les interventions de la France, du Norvège, de l’Irlande, de l’Albanie, des Etats-Unis, ou encore du Royaume-Uni. Recrudescence des attaques avec la mort de trois casques bleus lundi dernier, situation critique des droits de l’Homme, accusations d’abus sexuels à l’endroit des FAMA et leurs partenaires russes. Des accusations « infondées » qui trouvent leur origine dans les médias français et reprises par le rapport du Secrétaire général.
Un rapport toujours alarmiste qui reste muet sur les progrès réalisés par les autorités. « Le rapport gagnerait en objectivité s’il mettait en exergue les efforts du gouvernement et la montée en puissance des FAMA », a fait remarquer le ministre Diop. Le chef de la diplomatie malienne cite entre autres la reprise du dialogue avec les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger et l’organisation de la Semaine nationale de la réconciliation. Le ministre Diop s’étonne de cette forme d’hypocrisie qui consiste à se poser en défenseurs des droits de l’homme, alors qu’à ce jour, seulement 30% des fonds promis pour faire face à la situation humanitaire ont été mobilisés. Le Mali dit non au « chantage sur les questions des droits de l’homme », a-t-il fait savoir à l’auditoire.
Le Mexique, la Chine, la Russie, ou encore l’Inde ont salué les progrès politiques et l’ampleur du programme de réformes. Ils appellent à une « meilleure décision pour soutenir la stabilisation du Mali ». « Un Mali stable, c’est la paix dans le Sahel », a indiqué le représentant du Mexique. Quant à la représentante de la Russie, elle s’indigne de la cabale contre la présence supposée de Wagner au Mali. Ceux qui disent cela, sont les mêmes, il y a peu qui envoyaient leurs armées renverser et remplacer les gouvernements inconvenants. « Il faut cesser d’abuser du Conseil de sécurité », a déclaré la représentante de la Russie à l’égard des pays occidentaux.