Face à la situation sécuritaire du pays, face au marasme économique et à l’apathie des responsables politiques, face à la nouvelle prorogation du mandat des députés, l’heure n’est plus aux demi-mesures et aux petits calculs. Comme l’a rappelé l’opposant Aliou Boubacar Diallo, faute d’être capable d’organiser des élections, le président IBK doit œuvrer à la mise en place d’une nouvelle chambre parlementaire sur la base des résultats de la dernière présidentielle.
Les députés maliens sont en poste depuis 2013. Leur mandat, qui devait expirer en 2018, vient d’être prorogé une seconde fois jusqu’à 2020… sans aucune garantie que le pouvoir n’organise des élections législatives à cette date. Une situation ubuesque qui pose de graves problèmes de représentation démocratique. L’Assemblée nationale ne « représente plus les forces politiques en présence » au Mali, a récemment dénoncé le Président d’honneur d’ADP-Maliba, troisième parti du pays.
Les élections législatives de 2013, déjà organisées dans un contexte extrêmement difficile, ne reflètent plus du tout la réalité politique du pays. C’est une évidence. Le dernier scrutin national organisé au Mali, la présidentielle de 2018, a démontré de nouveaux rapports de force qu’il est indispensable de prendre en compte pour relever le pays.
« Toutes les nouvelles forces qui ont émergé lors des élections présidentielles de 2018 » ne sont pas représentées à l’Assemblée nationale, s’est insurgé Aliou Boubacar Diallo. Avant de souligner que cette situation affecte moins son parti, qui dispose d’un groupe parlementaire, que d’autres formations politiques plus récentes ayant enregistré de bons scores à la présidentielle, à l’image de Cheick Modibo Diarra, arrivé en 4e position mais n’ayant pas de députés pour faire porter ses messages.
Aliou Boubacar Diallo, qui a rassemblé près de 9 % des électeurs lors du dernier scrutin présidentiel, défend depuis de nombreux mois l’organisation d’un dialogue national entre pouvoir et opposition pour trouver des solutions de compromis aux grands défis auxquels est confronté le Mali. Travailler en forçant les maliens à accepter la légitimité d’une Assemblée élue en 2013 « est injuste pour commencer un dialogue inclusif ».
Selon lui, « toute autre base qu’on voudrait donner à ce dialogue, sans tenir compte des nouvelles forces politiques qui ont émergé lors des dernières élections, c’est vouer ce dialogue inclusif à l’échec ».