Un véritable festin sur la souffrance des populations sénégalaises, couché sur 180 pages du Rapport définitif de la Cour des comptes intitulé: Contrôle de la gestion du Fonds de Riposte et de Solidarité contre les Effets de la Covid19 (Force Covid) Gestion 2020 et 2021. Le Ministère des Finances et du Budget, dirigé alors par Abdoulaye Daouda Diallo qui était, de manière illégale, au cœur de l’ordonnancement des dépenses dudit fonds, a été épinglé plusieurs fois dans le document rendu public lundi dans la soirée. En effet, le rapport indique dans sa page 15 qu’en vertu des dispositions de l’article 10 du décret n° 2020-884 du 07 avril 2020, il a été créé au sein du Ministère des Finances et du Budget, un Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets du COVID-19 dénommé « FORCE COVlD-19 » dont la mission est de financer les dépenses liées à la lutte contre la pandémie et de soutenir les secteurs d’activités affectés par ladite pandémie. Il comprend deux organes, à savoir, un Conseil stratégique et un Comité technique.
« Le Conseil stratégique définit les orientations du FORCE COVID-19 et est composé de plusieurs ministères multisectoriels. La Cour relève que le Conseil stratégique ne s’est jamais réuni. En lieu et place, c’est le Conseil des ministres qui définissait les orientations du FORCE COVID-19 et décidait de l’allocation des montants à affecter aux ministères sans qu’une évaluation préalable basée sur un plan de résilience sectoriel ne soit faite. La même situation a prévalu pour le Comité technique qui est chargé de la mise en œuvre des orientations du Conseil stratégique. Ce Comité présidé par le MFB (ou son représentant) et composé des ministres membres du Conseil stratégique ou de leurs représentants, n’a pas fonctionné. Par conséquent, toutes les dépenses du Fonds Force COVID-19 ont été ordonnancées par le MFB sur la base des décisions du Conseil des ministres et non du Conseil stratégique », déplore les inspecteurs de la Cour des comptes qui se sont interrogés sur la nécessité de mettre en place ces dispositifs.
8 milliards dans le vent… entre le MFB et le MSAS
A la page 47 du Rapport, la Cour constate que pour l’année 2020 des montants communiqués par le MFB ne sont pas intégralement retracés dans les comptes de dépôt.
« Pour le plan d’action de lutte contre la COVID (MSAS), il est relevé un écart de 8 182 620 256 FCFA entre le montant des transferts annoncés par le MFB au profit du MSAS de 52 558 482 256 FCFA et celui figurant dans le relevé du compte de dépôt qui s’établit à 44 375 862 000 FCFA », constatent les inspecteurs
Avant de noter que : « Le Directeur général du Budget indique qu’il « n’existe aucune différence de chiffre. Pour le MSAS, en plus du montant de 44,38 milliards du compte de dépôt du Ministère de la Santé, d’autres virements et allocations ont été effectués au profit d’autres comptes de dépôts (…). Ces structures sont parties intégrantes du Ministère de la Santé. En fait, le MSAS n’a considéré que les ressources mouvementées par le Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement. » »
Cependant, la Cour « confirme l’existence de l’écart entre le montant indiqué sur la situation financière communiquée par le DGB (52,55 milliards) et celui retracé dans le compte de dépôt (44,38 milliards). Le montant de 52,55 milliards n’intègre pas les allocations des autres entités du MSAS »
Avant d’inviter dans une recommandation « le Directeur général du Budget à corriger la situation des dépenses COVID en tenant compte de l’écart de 8 182 620 256 FCFA entre le montant des transferts annoncés par le Ministère des Finances et du Budget au profit du Ministère de la Santé et de l’Action sociale et celui retracé dans le compte de dépôt dudit Ministère ».
Abdoulaye Daouda Diallo et ses services d’alors ont également été épinglés pour violation du Code des Marchés publics, violation des textes relatifs à l’encadrement de l’exécution des dépenses etc.