Jeudi, le Tchad a enregistré les manifestations les plus meurtrières de toute son histoire récente.
Plus d’une cinquantaine de personnes ont été tuées et au moins 300 blessées enregistrés dans un mouvement de colère contre la prolongation de la transition militaire conduite par le fils du défunt président Idriss Déby Itno. Un dialogue national souverain tenu en septembre avait dans ses résolutions accordé deux ans supplémentaires au général Mahamat Déby Itno avec possibilité de se représenter pour un mandat de six ans.
Les forces de l’ordre ont fait usage d’armes à feu pour disperser les manifestants qui étaient selon le chef du gouvernement, Saleh Kebzabo, armés de gourdins, ou encore de machettes. Dans cette onde de choc provoquée par l’exposition des corps dans les rues de N’Djamena et ses environs, un Conseil des ministres s’est tenu au palais présidentiel dans la capitale, au sorti duquel un couvre-feu a été imposé afin de ramener l’ordre. Au niveau international, l’ONU a appelé au calme.
» Nous demandons aux autorités de veiller à ce que la sécurité, la sûreté et les droits de tous les Tchadiens, y compris le droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, soient respectés. Nous appelons également toutes les parties à s’abstenir de toute violence ou de tout usage excessif de la force et à rester attachées à l’esprit de dialogue dans l’intérêt de la paix et de la stabilité du pays » a lancé Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
Tôt, dans la matinée de ce jeudi noir, des milliers de personnes ont bravé l’interdiction de manifester pour crier leur ras-le-bol contre ce qu’ils qualifient de succession dynastique à la tête du Tchad depuis plus de 30 ans. À N’Djamena la capitale et également à Moundou, la deuxième ville du pays, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel de la plateforme d’opposition Wakit Tamma et le parti Les Transformateurs, dirigé par Succès Masra.
« Macron, prête-moi tes oreilles, écoute, ce n’est pas ton pays. Aujourd’hui, si on fait ça, c’est grâce à toi, à la France » a expliqué un manifestant.
Le bilan de cette manifestation violemment réprimée par les forces de l’ordre pourrait s’alourdir, une ambulance a été la cible des tirs.
Alors que le Tchad compte ses morts, le président de l’union des journalistes du Tchad a réclamé une enquête pour établir les responsabilités suite au décès d’un jeune journaliste Narcisse Oredje, touché par une balle perdue.