Joueurs en larmes, jets de projectiles, incidents en tribunes et dans les rues d’Abidjan… Il y a une semaine tout pile, personne en Côte d’Ivoire ne pouvait imaginer que les Éléphants défieraient le tenant du titre sénégalais, en 8e de finale de la Coupe d’Afrique des nations, ce lundi soir. Pourtant, le pays organisateur va bien se présenter au Stade de Yamoussoukro pour un classique du continent africain avec l’obligation de se racheter après une semaine en enfer.
Opposés à la Guinée équatoriale lundi 22 janvier, quatre jours après un revers face au Nigéria (0-1), les hommes de Jean-Louis Gasset pouvaient se contenter d’un match nul pour valider leur qualification. Mais, totalement pris par l’enjeu, Seko Fofana et les siens ont sombré dans une soirée où rien ne leur a réussi. Malgré 69 % de possession, 22 frappes tentées et deux buts refusés, les Ivoiriens se sont effondrés, plongeant dans l’effroi les 42 550 spectateurs du Stade Alassane Ouattara. Bilan : une défaite 4-0, la plus large dans l’histoire d’une nation double championne d’Afrique.
« On se doit de montrer un autre visage au peuple »
À cet instant, tout un pays voit alors se répéter le scénario de 1984, lorsque la Côte d’Ivoire avait été sortie en poule alors qu’elle organisait la CAN. Pourtant, les Éléphants ne sont pas encore éliminés. En effet, depuis le changement de format de la compétition en 2021, les quatre meilleurs troisièmes des six différentes poules obtiennent leur billet pour les 8e de finale. Contraints de rester mobilisés et d’observer les résultats des autres groupes, les Vert et Orange ont finalement été sauvés par le miracle du Mozambique face au Ghana (2-2) et par la victoire du Maroc sur la Zambie (1-0). Le pays organisateur s’est ainsi qualifié pour la phase finale, ou l’attend le Sénégal, par la toute petite porte.
Un choc face aux Lions de la Teranga que ne dirigera pas Jean-Louis Gasset. Nommé en mai 2022, l’entraîneur français n’a pas résisté à la claque historique et s’est vu signifier la fin de son contrat mercredi dernier, avant même de savoir si son équipe allait continuer l’aventure. Présent dans le staff, c’est l’ancien international ivoirien (44 sélections) Émerse Faé qui a été nommé pour assurer l’intérim jusqu’à la fin du tournoi.
Interrogé en conférence de presse sur la difficulté de se relancer après une telle déroute, l’ancien milieu de terrain du FC Nantes et de l’OGC Nice a confié que son groupe avait vécu « deux jours très difficiles sur le plan émotionnel et mental ». « En plus de perdre 4-0 à domicile, le fait de ne pas être sûr d’être qualifié a rendu la chose difficile psychologiquement. Il a été très difficile de travailler, il fallait panser les plaies de la défaite en croisant les doigts pour se qualifier en sachant que ça ne dépendait plus de nous. Mais on se doit de montrer un autre visage au peuple. Il serait inadmissible que les attitudes ne changent pas. »
« J’avais d’autres choses à regarder que les rumeurs sur l’arrivée d’Hervé »
Une gestion déjà difficile pour le jeune sélectionneur à laquelle s’est ajoutée l’ombre d’Hervé Renard. En effet, le sélectionneur de l’équipe de France féminine s’est retrouvé au cœur d’une improbable tentative de prêt initiée par la Fédération ivoirienne de football (FIF) et son président Idriss Diallo. Ce dernier, désireux de placer l’homme ayant permis à la Côte d’Ivoire de décrocher sa deuxième étoile sur son banc pour une pige sauvetage, s’est cependant heurté au refus de la FFF, alors que que Renard » aurait adoré » faire son retour.
« J’avais d’autres préoccupations et d’autres choses à regarder que les rumeurs sur l’arrivée ou pas d’Hervé » a confié Faé, serein. « S’il était venu, je n’aurai eu aucun souci. Mais il n’est pas là donc on ne va pas parler de lui. À partir du moment où le président n’est pas venu me dire que l’intérim serait géré par quelqu’un d’autre, je me suis focalisé sur mon groupe, sur mes joueurs et sur l’objectif de lundi. »
Un rebondissement de plus qui n’a certainement pas dû aider un groupe déjà déstabilisé par un début de tournoi chaotique. Mais, revenue d’entre les morts, la Côte d’Ivoire a désormais l’occasion de réaliser l’un des plus grands come-back de l’histoire du football africain. Et d’enfin faire honneur à son statut de grand du continent.